Voici un dialogue entre Zuang le poète et le fameux philosophe Huisi :

Zuang : Vois comme ces poissons rebondissent, c’est leur joie.

Huisi : Tu n’es pas un poisson ! Comment peux-tu savoir ce qui leur fait plaisir ?

Zuang : Tu n’es pas moi ! Comment sais-tu si j’ignore la joie des poissons ?

Huisi : Je ne suis pas toi ; je ne sais pas ce que tu sais ou ignores, je te l’accorde ; mais en tout cas, je sais que tu n’es pas un poisson ; par conséquent, tu ne sais pas ce qui fait la joie des poissons.

Zuang : Revenons à la première question. Tu m’as demandé : « Comment peux-tu savoir ce qui leur fait plaisir ? » Par cette phrase, tu as admis que je le savais ; sinon tu ne m’aurais pas interrogé. Maintenant comment l’ai-je su ? Eh bien, tout simplement en franchissant la passerelle !\r\n\r\n(Extrait de « l’étranger ou le pari de l’autre » de Tobie Nathan)